Bio

Si on devait définir le travail de Karine Priot en trois mots, on pourrait choisir courage, féminisme et expérimentation. 

Courage car Karine Priot s’attaque avec ses œuvres à des sujets complexes, difficiles. Alors qu’elle confectionne des poupées grandeur nature, elle nous interpelle sur ce que l’on fait aux corps des femmes. Inspirées du mythe de Saint-Agathe, qui mutilée de ses deux seins fut brûlée vive, les trois poupées Pauline, Tatiana et Guillaumine tiennent leurs seins ou leur cœur dans leurs mains et nous lancent un regard toute à la fois doux et inquisiteur. En pleine conversation, elles racontent leurs corps mutilés, abîmés, utilisés. 

Féminisme car si les sujets sont complexes, ils touchent aussi en premier lieu les femmes. Les éthiques du Care au cœur même du travail de Karine Priot se déclinent dans son propos artistique. Lors d’Octobre Rose (2024), la plasticienne fait le choix d’exposer deux grandes poupées, Rose et Yvette, dans une vitrine. Attablées, plutôt paisibles, elles nous invitent à déposer dans une urne les prénoms de femmes touchées par le cancer. Puis, la performance se poursuit par la conception de papillons en origami alors que sont égrenés un à un les prénoms déposés dans l’urne. 

Expérimentation enfin car Karine Priot explore les matières, récupère du matériel, s’aventure vers des pratiques qu’elle ne connaît pas forcément. 

Si Pauline, Tatiana, Guillaumine, Rose et Yvette ont des visages en céramique et des corps en tissu, elles ont aussi des seins en céramique ou en crochet. Si elles sont d’une belle grandeur – à hauteur de femmes – leurs « cousines plus lointaines » sont bien plus petites (25 à 30 cm). Ces poupées doudous revêtent un visage de personnes âgées et nous rappellent qu’inlassablement la vie est un cycle. 

Le fil rouge du travail de Karine Priot est celui du témoignage, de la trace. Alors qu’en 2021, elle traversait la France à vélo en déposant des pièces en terre pour rendre hommage aux femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, elle poursuit son chemin aujourd’hui en soulignant la vulnérabilité des corps des femmes et la nécessité d’en prendre soin. C’est un travail touchant, qui surprend et provoque l’échange. C’est un travail qui nous incite à porter notre regard et notre attention à des choses d’ordinaire invisibles. C’est un travail qui répare. 

Marianne Chouteau

©karinepriot. Tous droits réservés.

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